La Chine et le luxe

Publié le par william suissa

"La Chine est dans la situation du Japon il y a une bonne dizaine d'années. Elle devrait devenir un marché aussi important d'où la stratégie de séduction et de conquête de nos entreprises", affirmait en 2003 Elisabeth Consolle des Portes, déléguée générale du Comité Colbert qui regroupe 65 maisons de luxe françaises, de la mode à la cristallerie et à hôtellerie.

Mais la Chine, c'est aussi "80% à 90% de la production mondiale de la contrefaçon", rappelle Mme Consolle des Portes. Louis Vuitton, par exemple, a une équipe spécialisée de lutte contre la contrefaçon basée à Hong Kong qui travaille avec les autorités chinoises. La griffe a fait saisir plus de dix cylindres d'impression de la célèbre toile rien qu'au début 2003.

En matière de mode haut de gamme, la création chinoise n'est pas encore là. "Il faudra longtemps pour qu'il y ait des griffes chinoises. C'est très, très, long à construire", dit Didier Grumbach. "Ils en sont encore à un prêt-à-porter basique", juge Marcel Marongiu, créateur franco-suédois qui a fondé sa griffe en 1989. Pour lui, la Chine est une aubaine pour développer sa société à l'international. "La Chine cherche des créateurs pour superviser les collections", raconte le styliste à l'AFP. Aujourd'hui, il est devenu le directeur artistique pour la marque de son nouveau partenaire chinois, en attendant que ce dernier l'aide à s'implanter dans l'Empire du milieu.

Jacques Lévy, directeur général de Lanvin, se dit admiratif de la "créativité extraordinaire en Chine en matière d'art, d'architecture, de design mais pas encore en mode ".

Le 26 octobre 2003, Lanvin (directeur artistique Alber Elbaz) défilait pour la troisième fois en Chine. La griffe, contrôlée par la femme d'affaires taïwanaise Shaw-Lang Wang, possède deux boutiques en propre dans le pays et une vingtaine au total. "La clientèle susceptible d'acheter un produit de luxe est de plus en plus importante", dit-il à l'AFP mais il faut "relativiser ce marché potentiellement extraordinaire". "Ce n'est pas là que le monde du luxe fait de l'argent. C'est un marché à moyen terme où il faut être maintenant pour implanter la marque, avant que le ticket d'entrée soit trop cher", ajoute-t-il.

Analyse partagée par le numéro un mondial du luxe, le groupe français LVMH. "C'est un pays où il ne faut pas ouvrir de boutiques à tour de bras. Il faut que les gens s'habituent à la marque, se l'approprient. Cela prend du temps", explique un porte-parole à l'AFP. LVMH possèdera d'ici à la fin de l'année 20 boutiques en Chine continentale, dont la moitié rien que pour Vuitton, "première marque de luxe à s'être implantée là bas il y a 10 ans".

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